Véritable avant-gardiste du fauvisme, Henri Matisse a su marquer les esprits. L’entièreté de son œuvre est rythmée par ses nombreux voyages. D’abord rejetées par le public, les toiles de Matisse hissent celui-ci au sommet du monde de l’art. Aujourd’hui, c’est une foule d’amateurs qui se presse pour apprécier son travail. Voici les trois tableaux les plus symboliques du parcours de ce génie du postimpressionnisme.
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La Femme au Chapeau et l’audace de l’artiste
La Femme au Chapeau est un des tableaux les plus connus de Matisse. Ce dernier le peint en 1905. La toile représente la femme de l’artiste.
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Description de l’œuvre
Il s’agit d’un tableau dit « d’apparat », dans lequel l’épouse du peintre est représentée assise et vêtue de manière bourgeoise. Elle y apparait avec tous les éléments de la femme parisienne : gants, sac à main ou pochette et, bien entendu, un chapeau, exubérant.
Les couleurs de l’œuvre sont vives, non mélangées entre elles, pures. Elles sont différentes du ton local, qui définit les teintes originelles d’une personne, d’un élément ou d’un objet. En fait, il s’agit d’un des premiers tableaux issus du mouvement « fauve » ou fauvisme.
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À travers ce choix de couleurs, l’intention de l’artiste est d’amener les visionneurs à reculer. Ainsi, ils pourraient pleinement apprécier l’éclatante beauté de sa femme.
Symbole de la carrière du peintre
Pourquoi La Femme au Chapeau est-il symbolique du parcours d’Henri Matisse ? Car si la toile est, aujourd’hui, mondialement connue et plébiscitée, ce ne fût pas toujours le cas.
En 1905, lors de l’Exposition au Salon d’Automne, l’œuvre fût massivement rejetée. Elle choqua les visiteurs par ses couleurs trop « criardes » pour la période. Certains, comme le poète Camille Mauclair, la qualifia même de « pot de couleurs jeté à la face du public ».
D’ailleurs, c’est lors de cet évènement que le terme « fauvisme » fût créé par le critique d’art Louis Vauxcelles. En effet, celui-ci se rendît dans la salle du Grand Palais dédiée aux jeunes artistes. Il dit alors, à propos de l’œuvre de Matisse : « C’est Donatello parmis le fauves ». Ce terme fût immédiatement apprécié et cette fameuse salle fût sobrement nommée « La Cage aux Fauves ».
Aujourd’hui, cette œuvre se trouve au Musée d’art moderne de San Francisco.
La Danse et l’émancipation du fauviste
La Danse est une toile réalisée entre 1909 et 1910, à la demande de Sergei Shchukin, un riche collectionneur russe. Elle possède une sœur jumelle appelée La Musique.
Description de l’œuvre
La Danse est un tableau qui brise toutes les conventions instaurées dans le milieu de la peinture. Les couleurs sont saturées, simples : bleu, vert et rouge. Elles soutiennent la volonté primitive de l’œuvre. Elles sont pures, comme le veut le mouvement fauve. Cela permet un intense contraste entre les personnages et le fond.
Les danseurs sont nus, dans des positions ambiguës. Leur sexe n’est pas clairement défini ainsi que l’expression faciale. Ils sont en harmonie à travers la fluidité des lignes et la régularité de la couleur. L’absence de profondeur valorise ces 5 personnages, dans toute leur volupté.
Symbole de la carrière du peintre
La Danse est un appel à lâcher prise, à vivre. C’est l’abandon de soi dans l’instant. L’œuvre est un élément important de l’évolution d’Henri Matisse. Elle matérialise la volonté d’émancipation du mouvement fauve et sa rupture complète avec les mœurs du XXe siècle.
Ainsi, le peintre s’affirme et rompt avec le traditionnel savoir-faire à la française. Il instaure sa propre harmonie et son propre ordre. Son intention, loin de choquer et scandaliser, est de transmettre une énergie pure et brute. Il recherche l’équilibre et l’union entre pairs. La Danse transpose parfaitement cette ambition à travers la candeur de ses traits.
Aujourd’hui, le tableau se trouve au Musée de l’Ermitage, à Saint Pétersbourg, aux côtés de La Musique.
Les Nus Bleus et la consécration d’Henri Matisse
Les Nus Bleus ont été réalisés en 1952. Il ne s’agit pas d’une suite de peintures mais de collages de papiers découpés.
Description de l’œuvre
Nus Bleus est une série de quatre collages en gouache découpée. Chaque composition possède une spécificité, notamment dans leur conception. Il est aisé d’observer la progressive déstructuration dans la position assise. Le Nu Bleu I semble être fait de quelques coups de ciseaux tandis que le Nu Bleu IV paraît plus travaillé et subtil.
Dans cette série, il est primordial d’étudier les espaces entre les morceaux de gouache bleue. Au fil des compositions, ils s’accentuent, privilégiant la circulation de la lumière et la sensation d’un mouvement tout en fluidité.
La position assise est un élément régulièrement travaillé en peinture ainsi qu’en sculpture. Ici, il y a une impression de présence tranquille et d’apaisement dans la réflexion.
Symbole de la carrière du peintre
Henri Matisse débute ses activités de collage dans la maladie et le handicap. En effet, alité, il ne pouvait plus utiliser de technique qui nécessite des diluants tels que l’huile ou l’eau. Il s’adonne alors à la découpe de papiers divers et variés qu’il dispose à l’aide d’assistants. Cette technique lui apporte une nouvelle liberté artistique.
Les Nus Bleus font partis des œuvres symboliques de la fin de vie de Matisse. Ils illustrent la volonté de l’artiste à ne jamais abandonner, à se renouveler.
Aujourd’hui, la composition est scindée. Le Nu Bleu I se trouve à la Fondation Beyeler, en Suisse. Le II et le III sont conservés au Centre Pompidou, à Paris. Enfin, le Nu Bleu IV, lui, est au Musée Matisse, à Nice.
Matisse, l’indomptable artiste
Jusqu’à sa mort, Henri Matisse se sera montré ambitieux, novateur, parfois transgressif. Ces trois œuvres démontrent sa propension à s’adapter et à créer en toute situation. Aujourd’hui, la Maison Matisse est fière de perpétuer sa mémoire et son optimisme à travers son parcours haut en couleur.