Le « Oui Pub » mettra-t-il une fin définitive à la publicité non adressée ?

À partir du mois de septembre 2022, si vous habitez dans l’un des treize départements ayant adhéré à la mesure « Oui pub », vous ne recevrez plus de prospectus chez vous, à moins de le demander explicitement, en accolant la mention « Oui Pub » sur votre boîte aux lettres.

Faisons le point sur cette victoire pour l’environnement, que célèbrent déjà 75 % de Français, sans ignorer les arguments des 25 % restants, qui auraient préféré que cette loi ne soit pas votée, afin de comprendre la problématique de ce sujet dans sa totalité.

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Contexte actuel et quelques chiffres

L’initiative « Oui Pub », intégrée à la loi française climat et résilience (promulguée en août 2021), pour lutter contre le dérèglement climatique et, dans ce cas concret, contre le gaspillage de papier, a été inspirée par les propositions de la Convention citoyenne pour le climat.

En 2020, entre 15 à 20 millions de prospectus, comportant généralement entre quinze et vingt pages, ont été distribués chaque semaine et chaque ménage français a reçu, en moyenne, 26 kg de tracts publicitaires, malgré parfois leur plaque boîte aux lettres « Pas de pub, merci » achetée sur Otypo.com. Cela représente environ 670 500 tonnes sur l’ensemble du territoire.

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Cette étude a été publiée par l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (ADEME) dont le but est d’accompagner la transition écologique et d’œuvrer pour que celle-ci se passe de la meilleure façon possible. Cette enquête révèle que 50 % de ces publicités sont jetées à la poubelle par les particuliers et nous savons que la plupart d’entre eux n’y lancent même pas un petit coup d’œil.

Soulignons également que plus de 50 % des budgets marketing des entreprises qui distribuent ces tracts sont dépensés pour la production et diffusion de celles-ci. Ces sommes pourront dorénavant être réallouées à d’autres fins.

Cependant, environ 60 000 emplois, directement liés à l’industrie du papier (producteurs, imprimeurs, distributeurs, enseignes commerciales et recycleurs), sont actuellement en péril.

Éviter le gaspillage

À l’heure où la majorité commence à prendre conscience que les ressources de la planète sont limitées, et qu’au vu du nombre d’êtres humains qui la peuplent, nous ne pouvons plus continuer de nous permettre de gaspiller comme bon nous semble, nous comprenons bien que cette loi vise à réduire au maximum les excès inutiles.

Cependant, afin de minimiser les impacts négatifs que cette directive pourrait avoir sur la filière du papier, ces changements doivent être implémentés de façon progressive.

C’est pour cela que la mesure « Stop Pub », au sein de la loi anti-gaspillage, avait été renforcée, en interdisant de déposer des tracts publicitaires dans les boîtes aux lettres dotées d’un autocollant « Stop Pub ». Cela sous peine de recevoir une amende allant de 1500 à 5000 euros et en obligeant l’utilisation de papier recyclé pour la production de ces derniers dès 2023.

Selon un rapport du ministère de la Transition écologique, un ménage sur quatre utilise déjà ce sticker.

Il est important de rappeler que, malgré le fait qu’ils soient recyclables ou recyclés, la production de prospectus a toujours un impact sur l’environnement. Elle nécessite, en effet, la consommation d’autres ressources, telle que l’énergie par exemple et il y a indéniablement une perte de matière, sans oublier de mentionner que certains types d’encre ou de feuilles sont plus difficiles à traiter.

Alléger le budget déchets des collectivités

En surplus de l’aspect environnemental, beaucoup de collectivités se plaignent d’avoir à couvrir de lourdes dépenses pour le traitement de paquet de prospectus, dont la plupart, comme nous l’avons déjà mentionné, sont directement jetés à la corbeille sans même avoir été feuilletés. Selon les localités, en fonction des différences de coûts de transports, le tarif pour traiter une tonne de papier varie de 150 à 500 euros.

Il est donc évident que ce dispositif, visant à réduire de plusieurs dizaines de tonnes par an, le volume de ces déchets, allégera considérablement le budget des communautés. Celles-ci pourront alors employer les sommes économisées pour la réalisation d’autres projets, et ne pourront qu’être bénéfiques pour les contribuables.

Les professionnels du papier et de la distribution

Cet autocollant aura-t-il le pouvoir de déstabiliser toute une filière ? Il est important de ne pas minimiser l’énorme impact économique que cette mesure aura sur l’ensemble du secteur papier et la politique publique se doit de prendre cette question au sérieux, en commençant, d’ores et déjà, à œuvrer pour la réorientation des professionnels menacés, éventuellement dans le domaine de l’écologique. Ces derniers représentent une main-d’œuvre qualifiée avec de grandes capacités pour réaliser d’autres missions.

Dispositif en phase d’expérimentation

Soulignons que cette loi n’est pas encore définitive et loin d’être généralisée à l’ensemble du territoire national. La période d’expérimentation fixée entre 2022 et 2025 servira de base pour mesurer les réelles conséquences sur l’emploi ainsi que ses impacts sur le comportement des consommateurs.

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